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La future prison menace 22 hectares de terres agricoles

Le projet d'intérêt général permettrait de passer outre les documents d'urbanisme des collectivités et de procéder aux expropriations des terrains de Frédéric Naudier, son fils Ludovic et Jacques Fauvarque (de gauche à droite).

Dans le Val-de-Marne, la mobilisation pour sauver des terres agricoles ne faiblit pas face à l’obstination de l’État.

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« La construction de la prison de 800 places menace 8,34 hectares sur les 34 hectares que je travaille, explique Jacques Fauvarque, agriculteur à Noiseau, dans le Val-de-Marne. À l’origine, j’exploitais 65 hectares, mais l’urbanisation a grignoté mes terres au fil du temps. »

Deux exploitations concernées

14 hectares sont également menacés sur l’exploitation de 140 hectares de Frédéric Naudier. Son fils, Ludovic, actuellement salarié sur la ferme est en cours d’installation pour reprendre l’exploitation familiale, ainsi que celle de Jacques Fauvarque dans un deuxième temps.

Tous trois se battent depuis plusieurs années contre ce projet, et ils ne sont pas les seuls. Les riverains, organisés en collectif, les maires de Noiseau et des communes alentour, mais aussi des élus du département, de la Région et de la Métropole du Grand Paris s’y opposent.

« Le conseil régional sanctuarise même ces terres dans son nouveau schéma directeur (Sdrif-E) actuellement en consultation publique, soulignent les agriculteurs. Mais l’État fait du forcing ! » La préfète a en effet lancé une procédure de qualification en projet d’intérêt général (PIG), en consultation publique depuis le 26 février jusqu’au 29 mars 2024.

Combat juridique

« Depuis 2022, nous sommes accompagnés par un avocat, à nos frais, pour défendre nos intérêts et proposer d’autres terrains comme des friches industrielles à proximité, explique Frédéric Naudier. Outre la perte de nos terres, nous craignons une destruction de notre réseau de drainage et des difficultés à accéder à nos parcelles via les axes de circulation déjà saturés. Nous venons également de faire appel à un spécialiste pour attaquer le PIG. »

De son côté, Ludovic a envoyé un courrier au Premier ministre, Gabriel Attal, en janvier 2024, et attend toujours sa réponse. « Je voulais partager ma motivation de m’installer et lui rappeler que nos terres sont parmi les plus fertiles de France. Il y a un fossé entre les discours politiques qui prônent l’aide à l’installation des jeunes, la souveraineté alimentaire et la lutte contre l’artificialisation des terres, et notre réalité. Il est difficile pour moi d’investir avec une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête. »

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